Freud e Van der Leeuw: la fede nell'onnipotenza del pensiero all'origine della magia

Il est nécessaire de dire au moins quelques mots de la contribution apportée par Freud. Van der Leeuw, parmi d'autres, ouvre un accès pratique à la pensée de Freud. Les peuples primitifs, dit-il, ne perçoivent pas les contradictions qui sont à la base de  leurs pensées parce qu' «un besoin affectif impérieux les empêche de voir la vérité»⁵. Ils ne voient que ce qu'ils veulent bien voir, et c'est particulièrement le cas de la magie. Lorsqu'il se trouve dans une impasse, l'individu a le choix: soit en sortir par sa propre ingéniosité, soit se retirer en lui-même et surmonter l'obstacle en se laissant emporter par son imagination capricieuse; il peut se tourner à l'extérieur ou au-dedans; au-dedans, c'est la méthode de la magie, ou pour employer un terme psychologique, l'autisme. Les magiciens croient pouvoir changer le monde par des incantations et des charmes, ils appartiennent donc à cette noble catégorie de gens qui donnent à la pensée une importance de premier plan: enfants, femmes, poètes, artistes, amants mystiques, criminels, rêveurs et fous. Tous cherchent à aborder la réalité par le même mécanisme psychologique.

Cette priorité accordée à la pensée, cette conviction qu'il est possible à l'esprit de briser le dur mur de la réalité, ou même de le supprimer, Freud dit en avoir fait la preuve chez ses malades névrosés, c'est ce qu'il appelle «la toute-puissance de la pensée» (Allmacht der Gedanken). Les rites magiques et les charmes de l'homme primitif correspondent psychologiquement aux actes obsessionnels et aux formules de protection des malades névrosés. Le névrosé, comme le sauvage, «croit qu'il peut, par sa pensée, changer le monde extérieur»⁶. Ici encore nous avons devant nous un parallélisme entre le développement ontogénique et le développement phylogénique: l'individu passe par trois phases de la libido, narcissisme, découverte de l'objet, caractérisée par le fait d'être sous la dépendance des parents, et état de maturité où l'individu accepte la réalité et s'adapte à elle. Ces trois phases correspondent psychologiquement aux trois phases du développement intellectuel de l'homme, la phase animiste (Freud appelle ainsi ce que d'autres appellent phase de la magie), la phase religieuse et la phase scientifique. Dans la phase narcissique, qui correspond à la phase de la magie, l'enfant, incapable de satisfaire ses désirs par ses propres mouvements, compense en surmontant ses difficultés par l'imagination et en substituant la pensée à l'action; il est alors dans des conditions psychiques analogues au magicien; et le névrosé est aussi comme le magicien, ils surestiment l'un et l'autre le pouvoir de la pensée. En d'autres termes, c'est la tension, un sens aigu de frustration, qui donne naissance au rituel magique qui a pour fonction d'alléger cette tension. La magie accomplit donc le désir de celui qui éprouve une satisfaction par le mécanisme de l'hallucination.


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⁵ G. Van der Leeuw, « La structure de la mentalité primitive », La Revue d'Histoire et de Philosophie Religieuse, 1928, p. 14.
⁶ Freud, Totem et Tabou.



E.E. Evans-Pritchard, La religion des primitives à travers les théories des anthropologues, Petite Bibliothèque Payot, 1965, pp. 32-33 (riferite all'edizione elettronica in formato pdf da me posseduta e liberamente scaricabile in rete).

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