Il recupero di forme religiose precristiane dietro certi fenomeni culturali contemporanei

[Il brano che segue è tratto dall'introduzione. I primi quattro saggi del libro trattano delle origini e dello sviluppo storico della ricerca storico-religiosa e dei problemi da essa sollevati nel corso del tempo. I saggi successivi affrontano aspetti particolari delle varie concezioni mitico-religiose di alcuni popoli primitivi. Particolarmente interessante l'ultimo, sul dualismo. Si tratta comunque di un libro "denso", da riprendere senz'altro.
Notare che il titolo originale è The Quest, cioè La ricerca, ma dev'essere sembrato troppo generico all'editore francese, che ha imposto un titolo decisamente fuorviante, se non fosse per la precisazione del sottotitolo, Metodologia e storia delle religioni.]



Dans une société qui se sécularise progressivement ces études vont probablement revêtir un intérêt encore plus grand. Considérée dans une perspective judéo-chrétienne, la sécularisation peut être mal interprétée, au moins partiellement. On peut y voir, par exemple, la confirmation du processus de démythisation, qui est lui-même une prolongation tardive de la lutte livrée par les prophètes pour vider le cosmos et la vie cosmique du sacré. Mais ce n’est pas là toute la vérité. Dans les sociétés les plus radicalement sécularisées et parmi les mouvements de la jeunesse contemporaine les plus iconoclastes (comme, par exemple, le mouvement « hippie »), on trouve un certain nombre de phénomènes apparemment non religieux dans lesquels on peut déceler des recouvrements nouveaux et originaux du sacré – quoiqu’il faille bien admettre qu’ils ne sont pas reconnaissables comme tels dans une perspective judéo-chrétienne. Je ne fais pas allusion à la « religiosité » qui apparaît avec tant d’évidence dans nombre de mouvements sociaux et politiques tels que le mouvement pour les droits civils, les manifestations et démonstrations contre la guerre, etc. Les structures et les valeurs religieuses (encore inconscientes) de l’art moderne, de certains films importants et à large audience, d’un certain nombre de phénomènes se rapportant à la culture de la jeunesse sont encore beaucoup plus importantes – en particulier le recouvrement des dimensions religieuses d’une existence humaine authentique et significative dans le cosmos (la redécouverte de la nature, les mœurs sexuelles sans inhibitions, la « vie dans le présent », libre de « projets » sociaux et d’ambitions, etc.).
La plupart de ces recouvrements du sacré rappellent un type de religion cosmique qui disparut après le triomphe du christianisme, ne survivant que chez les paysans européens. Redécouvrir le caractère sacré de la vie et de la nature n’implique pas nécessairement un retour au « paganisme » ou à l’ « idolâtrie ». Bien que la religion cosmique des paysans du Sud-Est de l’Europe ait pu apparaître comme une forme de paganisme aux yeux d’un puritain, elle n’en était pas moins une « liturgie chrétienne cosmique ». Un processus similaire s’est déroulé dans le judaïsme médiéval. Grâce essentiellement à la tradition incorporée dans la Cabale, une « sacralité cosmique » qui semblait avoir été irrémédiablement perdue après la réforme rabbinique a été heureusement recouvrée.
Le but de ces remarques n’est pas de démontrer le caractère cryptochrétien de certaines des expressions les plus récentes de la culture de la jeunesse. Ce que je tiens à souligner ici c’est qu’en période de crise religieuse, on ne peut pas anticiper les réponses créatrices – et de ce fait probablement méconnaissables – qui seront apportées à cette crise. En outre, on ne peut pas prédire ce que seront les expressions d’une expérience du sacré potentiellement nouvelle. L’ « homme total » n’est jamais complètement désacralisé, et on est en droit de douter qu’une désacralisation totale soit possible. La sécularisation remporte un beau succès au niveau de la vie consciente: vieilles conceptions théologiques, dogmes, croyances, rites, institutions, etc., sont progressivement vidés de toute signification. Mais aucun homme normal ne peut être réduit à son activité consciente, rationnelle, car l’homme moderne n’a pas cessé de rêver, de tomber amoureux, d‘écouter de la musique, d’aller au théâtre, de voir des films, de lire des livres – bref, il ne vit pas seulement dans un monde historique et naturel, mais aussi dans un monde existentiel, privé, et dans un univers imaginaire. C’est d’abord et avant tout l’historien et phénoménologue des religions qui est à même de reconnaître et de déchiffrer les structures et les significations « religieuses » de ces mondes privés ou univers imaginaires. [Dalla dimensione del sacro, insomma, non ci si libererebbe mai, nemmeno nelle nostre società secolarizzate]


Mircea Eliade, La nostalgie des origines. Méthodologie et histoire des religions, Gallimard, 1971 [ed. or. americ., 1969]

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