Tabù e castità sacerdotale nella Grecia antica

Cet office [cioè quello dell'officiante sacro] exige parfois une qualification spéciale qui est obtenue, notamment, par le respect de certains interdits. En dehors des interdits communs, il en est auxquels les prêtres sont soumis par des traditions particulières à tel ou tel culte. La prêtresse d'Athena Poliade, à Athènes, ne pouvait pas manger du fromage du pays - mais celui de Salamine lui etait permis. Le poisson en général était interdit à des prêtres de Poseidon, et certaine espèce à la prêtresse d'Hèra, à Argos. - Les exigences en fait de chasteté sont les plus rigoureuses et les plus typiques: l'office de prêtresse d'Hèraclès à Thespies exigeait la virginité perpétuelle, et il est probable que ce n'était pas le seul. Le plus souvent, il est vrai, les sacerdoces qui réclament la chasteté sont ou temporaires ou dévolus à des femmes âgées. Mais, sous quelque forme qu'elle se présente, l'obligation s'inspire, pour les prêtresses, d'une idée positive qui se reconnaît encore à l'époque classique: c'est qu'elles sont les épouses du dieu; l'union sexuelle avec le dieu est le moyen d'entrer en communion avec lui, et de cette notion persistante, l'obligation de la virginité n'est que l'espression négative. Le témoignage le plus probant est celui de la Pythie de Delphes: astreinte à une chasteté perpétuelle, elle s'unit au dieu chaque fois qu'elle vaticine.

Il y a d'autres consécrations positives, parce qu'il y a d'autres procédés pour entrer en communion avec la divinité. La même Pythie, pour se préparer à son office, mâche du laurier, boit de l'eau de la source Cassôtis. La prêtresse d'apollon Deiradiôtès, à Argos, - qui, elle non plus, ne devait avoir commerce avec aucun homme - prophétisait une fois par mois, après avoir goûté du sang d'une brebis qu'elle avait sacrifiée de nuit: elle était alors «possédée par le dieu». À Aigeira d'Achaïe, le sang de taureau bu par la prêtresse de Gê sert tout ensemble à une ordalie de virginité et à l'acquisition de la vertu divinatoire. - Et cepedant, réserve faite de certains sacerdoces d'oracles ou de mystères, il n'est pas douteux que, dans l'ensemble, la qualification du prêtre n'apparaisse surtout sous un aspect négatif. [...]

Sans doute, dans les cultes qui sont purement cultes de cité, c'est-à-dire dans le plus grande nombre, il est exceptionnel que les interdictions prennent l'aspect de ces tabous permanents par quoi le prêtre est isolé et vraiment singularisé: c'est un cas extrême que celui du prêtre et de la prêtresse d'Artémis Hymnia, à Mantinée, qui ne doivent frayer avec personne ni pénétrer dans aucun logis. Mais, de ce cas extrême à celui du prêtre le plus banal, on passe par transitions insensibles. La vertu du sacerdoce, c'est de fixer en quelque sorte, sous des espèces réglementées et banales, cette idée du δαιμόνιος ἀνήρ, de l'«homme divin», qui, avec l'homogénéité de la societé religieuse et avec le passé mystique de la Grèce, apparaît quelquefois comme une tentation.


Louis Gernet - André Boulanger, Le génie grec dans la religion, Albin Michel, 1970 (1932), pp. 175-176 [ho omesso le note].


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